Au terme d’un parcours de deux décennies dans les Ressources Humaines, j’ai choisi de quitter le chemin que je suivais depuis si longtemps. Un itinéraire somme tout assez linéaire et certainement réussi si l’on considère la réussite professionnelle sous l’angle de l’ascension. Promotions, découvertes de diverses industries, une expérience à l’étranger, gestion d’équipes de plus en plus grandes, membre d’un Comité de Direction… Année après année, je me suis installée dans cette dynamique. De ce parcours, je retiens énormément d’éléments positifs. Et pendant longtemps j’ai aimé, sans nul doute, l’engagement demandé, le rythme, les projets sur lesquels je travaillais. Je croyais en ce que je faisais. J’avais des réserves d’énergie et d’enthousiasme à consacrer à mon travail. Puis de moins en moins.
Des questions émergeant de manière occasionnelle, puis avec de plus en plus d’insistance. Une insatisfaction qui grandit, une lassitude puis finalement de la fatigue. Des doutes aussi. Et puis finalement, j’ai heurté un mur. On réalise que le chemin doit s’arrêter là. J’ai eu la chance de le réaliser assez tôt.
Il aura fallu ce mur pour réaliser que j’avais perdu mes repères, mon cap. Quelque part sur ma route, je m’étais égarée.
Je vous propose une réflexion sur ces carrefours de vie auxquels on ne s’arrête pas, qu’on ne voit peut-être même pas. Et si mon propre questionnement porte sur ma vie professionnelle, il va sans dire que la même réflexion s’applique aux autres domaines de notre vie.
Une citation de Carl G. Jung illustre bien celle-ci « Nous passons la moitié de notre vie à escalader une échelle, et l’autre à réaliser que nous l’avions adossée au mauvais mur ». Dans des proportions idéalement moins dramatiques, cette citation image bien la nécessité de savoir ce qui compte. D’identifier son cap, ses valeurs, son étoile du Nord, sa propre définition d’une vie réussie. Et surtout de choisir le chemin qui nous permettra d’être aligné ; de ne pas hésiter à prendre le prochain tournant, les chemins de traverses et quitter peut-être la voie qui semble tracée. Abandonner le mode autopilote.
Il est où le prochain carrefour…
Je n’ai jamais envisagé de refuser une promotion, je n’ai jamais questionné le pas supplémentaire sur ce chemin. Je ne me suis pas demandé si je préférais consacrer mon énergie, mon temps, mon attention, à d’autres activités. Comment est-il possible de suivre une route durant des années sans vraiment, consciemment, se questionner ?
Peut-être parce que….
– nous ne prenons pas suffisamment de temps avec nous-même afin de nous demander comment nous allons, si nous sommes sur le bon chemin. Si notre cap est toujours le bon.
– nous sommes attachés aux chemins qui nous définissent, même s’il nous plait d’en imaginer d’autres. Le balisage connu nous rassure et les chemins fréquentés aussi.
– nous avons assimilé diverses injonctions, les « il faut », « on doit », « ça ne se fait pas de… » , des normes, des critères de réussite/ de bonheur qui ne sont pas les nôtres mais que nous ne questionnons pas, ou plus.
– nous limitons nos alternatives, entravés par des croyances sur nous-même ou le monde ; de « on ne peut pas tout avoir dans la vie » ou encore « à mon âge, c’est trop tard pour changer » ou encore « on ne prend pas ce genre de décision quand on a une famille »
Et justement parce qu’il y a ces « parce que », un jour on se demande ce qu’est devenue la vision que nous avions de nous-même, de notre vie. Et il ne s’agit pas ici d’idéaux de petite fille ou de petit garçon. Simplement de ce qui nous semblait essentiel pour être sereins sur ce chemin.
Je vous propose quelques moments pour vous pour renouer avec cette vision. Il s’agira de prendre du temps avec vous-même, de dessiner votre route, les carrefours dont vous avez besoin et décider du prochain pas :
- Qu’est-ce qui est vraiment important pour vous aujourd’hui ?
- Pensez à 3 ou 4 moments récents où vous vous êtes senti bien. Qu’est-ce que cela vous apprend ?
- De quoi avez-vous trop et de quoi n’avez-vous pas assez ?
- Dans 20 (30, 40…) ans, quel bilan aimeriez-vous faire de ces années ? Etes-vous sur le bon chemin ?
- Identifiez 8 éléments qui sont essentiels pour vous dans votre vie professionnelle (ou votre vie de couple/famille, votre équilibre de vie global, vos valeurs, pour être un bon manager, etc…tous les sujets s’y prêtent, vraiment). Pour chaque élément évaluez de 1 à 10 votre niveau de satisfaction. Vous n’êtes pas satisfait ? alors pensez aux premiers petits pas qui vous aideront à avancer. Et voilà, vous pouvez construire votre plan d’action, à votre rythme.
Alors, votre échelle est-elle sur le bon mur ?
Réalisateur, pilote, artisan de votre propre vie …Une invitation à mettre en œuvre la vision que vous avez de votre vie. Bien sûr, pour tous les « parce que » invoqués plus haut, prendre le prochain carrefour c’est parfois difficile ; et certains jours cela tiendra plus de la randonnée alpine que de la balade ; et pourtant, une fois son cap en vue, ce chemin retrouve un sens, redevient source d’émerveillement et de liberté. Adeptes des petits pas ou des grandes enjambées, à chacun de décider de son rythme. Ce qui compte c’est de ne pas se perdre.
Publié sur LInkedIn le 8 septembre 2021 – Et au prochain carrefour, je vais où ? | LinkedIn