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L'auto-compassion pour plus de confiance en soi

Depuis quelques temps déjà, j’avais envie d’écrire sur l’importance de se témoigner de la compassion. Cette envie m’est venue du constat de cette double peine que nous nous infligeons souvent dans des périodes difficiles. En effet, au lieu de se démontrer  de la bienveillance et d’avoir une discussion constructive, certes avec soi-même, ce sont des reproches que nous nous adressons, nourrissant  ainsi une culpabilité douloureuse, parfois. Et place à ces discours internes parfois violents, que nous ne tiendrions pas à nos meilleurs amis. Mais à soi, oui.

Dans ces moments, le soutien de nos collègues, de nos proches et de nos amis nous est bénéfique. Cependant, il serait tellement aidant de pouvoir compter sur soi-même également. De savoir s’offrir un temps sans jugement, mais au contraire empreint de sollicitude et de chaleur. De compassion.

Dans un très joli texte sur la compassion, en lien avec son activité de médecin, le Dr Tsetan Sadutshang écrit : « Le bonheur de chaque individu dépend des autres, c’est pourquoi nous ne pouvons pas nous passer de la compassion si nous voulons vivre dans un monde heureux. La compassion aide à briser la division entre « moi » et « toi », et crée un sentiment de connexion qui conduit à davantage de proximité et de confiance entre tous les êtres » Il note également que nous ne pouvons étendre la compassion aux autres si on ne s’en témoigne pas à nous même, si on ne traite pas notre corps et notre esprit avec respect.

Dans une définition de l’auto-compassion, Kristin Neff, psychologue américaine, identifie 3 composantes. Tout d’abord, la bienveillance envers soi : c’est établir une relation à soi empreinte de gentillesse, de sollicitude et de compréhension comme alternative à une attitude sévère et critique.

La deuxième composante est la reconnaissance de son humanité. C’est l’acceptation de notre imperfection tout en étant bien dans nos baskets. Et comme imparfaits, nous le sommes tous, autant en accepter l’idée et parcourir le plus beau chemin possible dans ces mêmes baskets. Et dans notre imperfection et nos difficultés, nous ne sommes pas seuls.

Finalement, la notion de pleine conscience. Il s’agit de reconnaître nos émotions et de les accepter pour ce qu’elles sont. Les reconnaître, et leur donner leur légitimité, a pour effet de ne pas nous laisser envahir. La compassion nous amène ainsi un calme mental, apaisant et bénéfique, pour décider en toute conscience de notre réaction.

Dans compassion, il ne faut pas entendre complaisance, déresponsabilisation ou encore absence de remise en question. J’ai envie de dire bien au contraire. C’est faire équipe avec soi-même afin d’être à même de faire face, d’accepter ce qui se passe tout en ouvrant la porte à une résolution. Quelques études démontrent également un impact positif de la pratique de la compassion sur l’anxiété et le niveau de stress. La  peur de l’échec est également diminuée et en retour, on osera plus. Et comme la confiance en soi se nourrit de l’action, nous trouvons également dans la compassion un levier pertinent pour la faire grandir.

Ma conviction repose également sur ma propre expérience.  En apprenant à me témoigner de la compassion, j’ai développé plus d’audace, une meilleure connaissance de moi-même, un accès à des choix plus pertinents et finalement plus de sérénité.

Je pouvais juger sévèrement ce que je faisais, ce que je disais. Radio critique était allumée bien trop souvent. Je suis devenue attentive à mes discours intérieurs et au ton sur lequel je me parle. J’ai retenu cette idée de ne jamais me parler plus durement que je ne le ferais avec un ami. Je suis devenue, d’une certaine manière, ma plus constante alliée. Ainsi, je me tends la main dans les passages ardus de la vie au lieu d’ajouter des embûches.

Je suis convaincue que tout changement ou décision importante bénéficie de cette compassion ; de la confiance et de la sérénité qu’elle procure. Et puis aussi, la compassion est comme une lumière qui irradie et réchauffe ceux qui vous entourent. En plus de vous faire du bien et de vous donner une force lumineuse, vous partagerez ce bien-être.

Et comme j’aime bien terminer mes articles avec une touche pragmatique, voici quelques petites astuces pour développer cette auto-compassion :

✨Parlez-vous comme à un ami : Prenez conscience de vos dialogues intérieurs et écoutez-les. Parleriez-vous comme cela à un ami, ou accepteriez-vous que l’on vous parle de la même manière ? N’oubliez-pas, vous êtes votre plus fidèle allié, votre rôle c’est de vous aider à cheminer et non de rendre le chemin plus sinueux.

Si vous vivez une situation particulièrement douloureuse, vous pouvez également vous écrire une lettre. Comme si vous l’écriviez à un ami cher, pour lui témoigner de la compassion et de la bienveillance.

✨Acceptez votre humanité : Accordez-vous le droit d’avoir des moments difficiles, de commettre des erreurs, d’échouer, de douter, de ne pas être parfait, ne pas savoir/pouvoir tout faire ou tout affronter.

Et si, on acceptait juste que l’on peut avoir besoin d’un temps pour être triste, inquiet, faire le deuil d’un rêve avant de faire quelque chose.

Rappelez-vous aussi que vous n’êtes pas seul et que dans la connexion aux autres vous trouverez peut-être du réconfort. Les super-héros/héroïnes n’existent que dans les films.

✨Soyez spécifique : Bien sûr que dans notre imperfection, on ne parvient pas à tout faire bien, tout le temps ou toujours avec facilité. Mais dans la définition de nos manquements, soyons spécifiques :

 « Je n’arrive à rien  » devient « Aujourd’hui je n’ai pas réussi à faire xyz « . 

« Je ne sais pas m’exprimer clairement » pourrait être  « Dans la situation X, j’ai le sentiment que je m’exprime moins clairement ». 

C’est parfois difficile de faire cela tout seul. Petit truc, repérez les généralisations.

✨Un petit boost. Donnez-vous des encouragements. Vous êtes fatigué ? Découragé ? Félicitez-vous pour le chemin parcouru. Il ne s’agit pas d’ignorer votre ressenti mais au contraire, de l’accepter, tout en reconnaissant aussi les efforts qui vous ont mené jusque-là.

✨Le prochain pas :  D’accord, sur ce coup, vous n’avez pas été top. Cela arrive à tout le monde.

Vous accueillez avec philosophie cette situation, vous avez confiance dans vos compétences et vous êtes conscient des ressources à disposition. A présent, vous pouvez penser aux alternatives qui s’offrent à vous et décider de ce que vous souhaitez faire. Le premier petit pas dans la bonne direction. On se tourne vers demain, et on cesse de se reprocher hier.

J’espère que cette lecture aura été une pause bienfaisante pour vous rappeler que se faire du bien est possible, et utile, quand les temps sont plus difficiles. Et si ce n’est pour vous, peut-être pourrez-vous aider une personne de votre entourage à développer cette belle amitié avec elle-même.

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