10 pistes pour construire des équipes durables
Séverine Felley, Consultante, Ex-HR senior Leader, Psychologue du Travail & des Organisations (FSP),
Comment construire des équipes autonomes, engagées et pleines de vitalité?
De nombreuses études démontrent que l’autonomie, le soutien social et la reconnaissance sont des modes de fonctionnements collectifs qui soutiennent une performance durable au travail.
Loin des recettes magiques ou des buzzwords, je vous propose quelques pistes concrètes, à portée de main. Certaines ne seront peut-être que de simples rappels, toutes ont le mérite de pouvoir être mises en œuvre sans exiger de moyens conséquents. A la fin de l’article, vous trouvez quelques liens vers des outils utiles.
Favoriser l'autonomie
Promouvoir l’autonomie se fait de manière progressive, par la mise en œuvre de nouvelles habitudes développées en équipe. Au fur et à mesure, un cercle vertueux se met en place et l’impact positif devient de plus en plus évident:
responsabilisation et renforcement du sentiment d’accomplissement et de la motivation intrinsèque.
augmentation de la confiance réciproque.
accélération du développement des compétences et de l’apprentissage continu.
1. Maximiser la marge de manœuvre
Clarifier les objectifs est essentiel pour construire une vision partagée des priorités. Si cette étape est parfois imposée, il est souvent possible de laisser une marge de manœuvre pour définir le comment.
Par exemple, si vous souhaitez améliorer le temps nécessaire pour un recrutement, fixez l’objectif (si possible précisez le ensemble) et laissez l’équipe définir les moyens de l’atteindre. Les collaborateurs impliqués dans les tâches sont souvent les mieux placés pour identifier des interventions pertinentes ; cela augmente également l’engagement et l’adhésion aux initiatives mises en place.
2. Offrir de la souplesse dans l’organisation du travail
L’autonomie repose sur la flexibilité. Offrez autant de souplesse que possible dans la gestion du temps, du lieu de travail et des tâches, en prenant en compte les contraintes organisationnelles (clients, permanences, interdépendances inter-départements, …).
Il s’agit d’optimiser l’équilibre entre les besoins individuels et collectifs.
3. Favoriser les méthodes participatives
Une démarche participative garantit que les solutions apportées sont adaptées aux réalités du terrain, améliorant ainsi l’engagement des équipes et la mise en œuvre. Le manager devient ici plus un facilitateur.
De plus, cela permet de s’enrichir des perspectives de chacun et cela favorise l’émergence d’idées nouvelles pour répondre à la complexité de notre environnement.
Brainstorming, world café, fishbowl, journées au vert etc… De nombreuses modalités existent que vous pouvez apprendre à maîtriser en équipe.
De temps à autre, vous pouvez choisir une thématique et vous faire accompagner dans votre réflexion pour explorer de nouvelles idées, développer de nouveaux rituels ou défier le statu quo.
Favoriser le soutien social au travail : créer un environnement collaboratif et solidaire
Le soutien social inclut la possibilité de partager ses émotions et ressentis lors de moments informels ; c’est également la mise en œuvre, par l’organisation, des conditions favorables pour effectuer le travail de manière adéquate et sereine.
Cela facilite également l’autonomie. En effet, l’autonomie ne pourra se réaliser pleinement que dans un environnement qui garantit la sécurité psychologique nécessaire (cf article à ce sujet).
4. Instaurer une communication ouverte
Une communication ouverte et respectueuse est cruciale pour une dynamique d’équipe saine. Il est de la responsabilité du manager de surveiller et d’intervenir lorsque cela est nécessaire. Deux axes sont recommandés pour renforcer une communication ouverte :
Former : former l’équipe à donner et à recevoir des feedbacks ainsi qu’à exprimer idées et opinions. Même si certains ont des aptitudes naturelles, ces compétences peuvent souvent être consolidées.
Créer et formaliser des opportunités d’échanges : pour ancrer cette ouverture comme routine intégrante du fonctionnement de l’équipe.
5. Organiser des moments d’échanges informels
Organisez des moments informels ou des activités sociales qui renforcent les liens entre les membres de l’équipe. Ces moments, inscrits dans une culture organisationnelle soutenante, facilitent la création de liens durables.
6. Encourager le co-développement
Le co-développement, qui consiste à réunir un petit groupe pour résoudre des problématiques professionnelles, est une méthode simple qui renforce la cohésion d’équipe tout en soutenant une approche collaborative des défis.
7. Soutenir l’accompagnement des collègues en difficulté
Il est parfois difficile de savoir comme soutenir un collègue en difficulté, ou gérer un retour après une longue absence. Des formations spécifiques, comme ENSA (premiers secours en santé mentale) contribuent à développer les compétences pour aborder ces situations avec bienveillance et de façon appropriée.
Favoriser la reconnaissance au travail
La reconnaissance est un levier qui va au-delà de la bienveillance et n’équivaut pas « à passer la pommade ». C’est reconnaître la valeur et l’importance de ce que chacun amène au collectif.
De par ses effets conjugués au niveau individuel, la reconnaissance renforce la performance de l’équipe dans son ensemble. En effet, en améliorant l’estime de soi, le sentiment d’efficacité personnelle et la résilience de ses membres, l’équipe devient plus solide. A l’inverse, un manque de reconnaissance a des effets dévastateurs :
Le manque de reconnaissance est corrélé à 1,7 X plus de risques de maladies cardiovasculaires.
L’Institut National pour la Santé Publique au Québec relève les observations de plusieurs études : les situations de travail qui impliquent des efforts élevés et une faible reconnaissance représentent un risque pour la santé mentale, cardiovasculaire, et favorisent les troubles musculosquelettiques.
« Le manque de reconnaissance mine l’estime de soi et ouvre la porte à des manifestations psychologiques (anxiété, dépression), physiologiques (élévation de la tension artérielle, perturbation du sommeil) et comportementales (addictions, …) » (Vézina et coll. 2006)
8. Offrir des espaces d’expression formels
Plutôt que de compter uniquement sur une politique de « porte ouverte », organisez régulièrement des échanges avec vos collaborateurs. Cela leur donne l’opportunité d’exprimer leurs idées et perspectives dans un cadre encouragé et structuré. Vous gagnerez également une image plus juste de leur quotidien.
Vous pouvez également réaliser des enquêtes auprès des membres de l’équipe et les impliquer dans la définition des mesures d’amélioration. Ce sera une reconnaissance de la richesse de leurs expériences.
9. Pratiquer le feedback positif et spécifique
Il est important de reconnaître les contributions de manière précise. Au lieu d’un simple « bon travail », il est plus impactant de souligner des éléments spécifiques, tels que la pertinence d’une proposition, la structure d’une présentation ou encore la prise d’initiative par exemple.
Cela confirme les compétences du collaborateur, voire l’aide à en prendre conscience, et contribue à son développement.
L’impact du feed-back positif sur le développement est généralement sous-exploité.
10. Donner un feedback constructif
Les retours négatifs, lorsqu’ils sont bien formulés, sont aussi une forme de reconnaissance. Ils montrent que vous faites attention à la personne et que vous souhaitez soutenir son développement.
Ces 10 pistes sont quelques options parmi d’autres. Je vous invite à en parler avec vos équipes et discuter de ce qui est prioritaire dans votre contexte, pour un maximum d’impact.
Vous pouvez également réaliser le test en ligne proposé par Promotion Santé Suisse : Où vous situez-vous en tant que responsable? | «Friendly Work Space» (disponible également en format atelier pour un bilan d’équipe ) ou encore, vous inspirer d’une boîte à outils mise à disposition gratuitement : Aperçu de tous les outils et aides disponibles | «Friendly Work Space»
La gestion d’équipe est une responsabilité importante puisque c’est l’opportunité d’un impact significatif au sein de notre environnement de travail. Heureusement, il existe plusieurs manières de « bien faire ». N’hésitez pas à expérimenter et à chercher des sources qui vous inspirent pour construire le leadership qui vous ressemble, et une performance durable dans l’intérêt de toutes les parties prenantes.