Les transitions de vie – Ne pas ignorer les questions.

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Séverine Felley, Psychologue du Travail & des Organisations (FSP), Consultante en développement organisationnel & gestion de la santé au travail.

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« Connais-toi toi-même », « Sois toi-même, les autres sont déjà pris » ou encore « Deviens qui tu es » de Socrate, Wilde ou Nietzsche ; ce questionnement de l’identité va de toute évidence au-delà d’une mode de développement personnel.  Pourquoi y attacher autant d’importance et ce depuis si longtemps ?

Parce qu’aller à la découverte de soi est essentiel pour faire des choix pertinents et construire une existence porteuse de sens, qui permette accomplissement et épanouissement. Ce questionnement est une voie royale pour construire le quotidien qui nous correspond.

Le questionnement identitaire :

A la question « Qui êtes-vous ? », on répond souvent en partageant des informations sur notre travail, le fait d’être père ou mère, notre âge, éventuellement nos loisirs, l’endroit d’où l’on vient, etc… Or, si cela répondait à la question « Qui êtes-vous ? » toutes les directrices des Ressources Humaines devenues coach, sans enfant, de 49 ans et ayant grandi dans le canton de Vaud seraient, sinon les mêmes, du moins très semblables, non ?

Bien sûr, ce type de réponse est souvent attendu dans le contexte de nos interactions sociales et une réponse plus personnelle serait même surprenante, voire inappropriée. Jung a élaboré le concept de la Persona, inspiré de l’univers du théâtre, pour définir le masque que tout individu porte afin de répondre aux exigences perçues de la vie en société. Cette persona remplit une fonction de socialisation, qui est évidemment utile. Cependant, elle fait également barrière à la définition, puis à la construction, d’un quotidien définit en fonction de ce qui nous anime réellement. Et ce sont les contradictions entre nos aspirations, nos valeurs, nos besoins et la réalité de notre quotidien qui génèrent le déséquilibre, ou même le malaise, sources de nombre de transitions, professionnelles ou personnelles.

Il est parfois ardu de voir clair devant l’enchevêtrement complexe des modèles, croyances, valeurs, injonctions, opinions (la liste pourraient être longue) qui déterminent nos comportements, nos choix, nos dires. Qu’est-ce qui nous appartient, qu’est-ce que nous avons intégré et cessé de questionner, qu’est-ce qui découle de nos valeurs propres et convictions profondes ? Qu’est-ce que nous avons besoin de reconsidérer et d’actualiser ? Comment faire la part des choses et se libérer de ces impératifs, que nous avons fait nôtres ?

Le mitan de la vie et ses transitions

La période de questionnement du mitan de la vie, considéré communément comme la « crise de la quarantaine » naît de ce déséquilibre ; elle témoigne de la difficulté plus ou moins forte de continuer à s’identifier à cette persona, du besoin d’aller au-delà des injonctions, opinions ou modèles collectifs.

Les transitions sont donc une remise en question, une actualisation, voire l’abandon des modèles ou encore références qui nous ont accompagnés sur une partie de notre chemin. Elles répondent à un besoin de faire de la place à une nouvelle conscience de qui nous sommes. Elles peuvent impliquer des rééquilibrages, des compromis, ou mêmes des ruptures parfois douloureuses et ce même quand on les choisit.

Les transitions peuvent donc être un passage douloureux mais finalement moins que de rester là où on ne souhaite plus être. C’est comme choisir entre une douleur aigüe mais passagère ou une douleur chronique, que l’on apprend à gérer, mais qui ne passe jamais vraiment. Celle dont on dit « j’ai appris à faire avec ».

Se définir librement

Les citations qui nous invitent à réfléchir sur notre identité ont en commun cette idée de singularité, d’affirmation de soi et d’un regard critique sur les modèles proposés. C’est un droit à la différence, à définir ce que l’on souhaite faire et comment. Ce en quoi on souhaite croire. C’est parvenir aussi à réunir les différentes facettes qui définissent qui nous sommes. Les brillante et celles qui le sont moins.

De plus, « Deviens qui tu es » évoque l’action, l’idée d’une recherche continue qui ne nous fige pas dans un état définitif.  On peut y lire l’idée d’un mouvement continu par lequel il ne s’agit pas vraiment d’arriver mais de se mouvoir, en direction de soi, au fil des découvertes et expériences que nous faisons.

Je peux témoigner ici de la quiétude trouvée une fois cette réflexion réalisée et un équilibre retrouvé. Il y a quelques temps maintenant, j’ai fait le choix d’une transition impliquant des changements conséquents. Cette démarche et ces prises de conscience m’ont offert un recul sur mes choix, un plus grand discernement quant à ce qui m’amène de la joie et me permet de m’épanouir. Il appartient à chacun de trouver ses réponses ; il importe surtout de ne pas ignorer les questions.

Quelques réflexions si le cœur vous en dit

Comme j’aime terminer mes articles en vous offrant des pistes de réflexions, je partage avec vous quelques-unes des questions clé de ma propre exploration. Peut-être y trouverez-vous de l’inspiration ?

  • Quels sont les moments où je me sens épanouie ou au contraire tendue ?
  • J’ai tenu un journal des moments + et des moments – de mon quotidien professionnel.
  • Quand est-ce que je ris ?
  • Si je n’avais pas peur, je ferais quoi ?
  • Si je ne change rien, je suis où, c’est comment dans 2 ans ?
  • Qu’est-ce que je fais par obligation, raison, par habitude ou au contraire par envie.
  • Qu’est-ce que je fais, mais que j’aimerais ne pas faire ?
  • Qu’est-ce que j’ai envie d’être et que je pourrais être ?
  • Qu’est-ce que j’ai aujourd’hui dont je n’ai pas besoin ?
  • J’ai fait plusieurs exercices de réflexions sur la définition de mes valeurs.
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